On t'avait mis la pression -bon ok, il t'avait pas fallu grand chose- pour que t'aille niquer les Phi Mu. Non seulement ils s'étaient jamais vraiment excusés -selon toi- mais en plus ils avaient rien fait pour arranger les choses. Et le pire ? C'était surement qu'ils se pavanaient sur le campus comme s'ils étaient les rois et reines de l'endroit, la couronne sur la tête. Puis outre le fait que tu pouvais pas blairer la plupart d'entre eux, c'était fun de prévoir une petite escapade en commando pour démonter leur précieuse petite maison ancienne. Evidemment, t'avais embarqué Minju dans ce plan foireux parce qu'il connaissait les lieux, puis Nolan avait décidé de tag along. Tu poses un doigt sur tes lèvres en arrivant. Fermez la, ça veut dire. Ok, il fait nuit et tout, la plupart de ces débiles sont sûrement en train de dormir, mais t'étais quasi sûr que cette vipère de mok allait te sentir tout près, il avait la tête à avoir des intuitions pétées comme ça. Tu secoues rapidement la bombe de peinture rouge dans ta main et t'étales les lettres qui coulent comme du sang sur le mur de la maison.

t h i sㅤi sㅤk a p p a
Tu ricanes en rangeant la bombe dans la poche de ta veste avant d'empoigner la batte de baseball en acier noir dans ta main. T'hésiterais presque pendant une fraction de secondes. On y va. L'acier déchire le verre et le papier qui se répandent sur le sol de la maison, pluie de crystal sur le bois chaud. Tu te glisses souplement à l'intérieur et tu abats ton arme sur tout ce qui se trouve à proximité. La porcelaine rejoint le verre, tu brises les écrans et même les meubles. Punition méritée selon toi. Ton rire résonne au milieu du chaos.

de haut ils entendront les grondements des kappa qui ont décidé de mettre le lieu à feu. c'est une image, pour le moment. tout ce qu'il avait fallut pour autant à nolan pour être vendu sur l'idée de venir détruire une bâtisse vieille, dégueulasse et ancienne — tout ceci était d'après lui — c'était l'accord de son leader. il n'avait même pas réfléchi, il était déjà prêt à retourner aux temps où il n'était qu'un gamin, à frapper tout ce qui bouge et personne ne lui disait jamais rien parce qu'il était le petit géni de ses parents. ici, ce serait différent, il y aurait probablement des contestations, des reproches, des représailles, et c'était E N C O R E mieux. il n'attendait que ça, mettre le bordel partout autour de lui, être le démon que tout le monde attendait de voir, réduire tout à néant sur son chemin. est-ce qu'ils avaient vraiment fait quelque chose pour mériter ça les pauvres riches de phi mu ? peut-être ? peut-être pas ? qui le sait ? mais ce n'était pas quelque chose dont nolan en avait réellement quelque chose à faire, on lui proposait le chaos, il allait sauter dans le chaos. le bonus était qu'il n'agissait pas seul, avec deux autres de sa fraternité c'était encore mieux.

bombe en main, il commença à écrire toutes les profanations qui lui venait en tête, "traditional whores" et tout ce qui s'en suit avant d'attendre le coup de feu de départ de son leader pour prendre une batte de baseball en main. il commença bien sûr par de belles références, creusant des trous dans les portes comme Johnny dans The Shining, le sourire était probablement très ressemblant. et dès qu'il atteindrait les doux couloirs des pauvres phi mu, il saccagerait tout sur son chemin. tout. mêmes les humains. — enfin peut-être pas, cela dépendait de la personne — pour le moment, il était bien occupé à frapper chaque porte sur son chemin, et s'arrêter pour commencer à écrire T H I SㅤI SㅤK A P P A sur chacun de leur mur.

l'éclat du verre déchire l'immuable quiétude du manoir. la nuit amplifie tous les sons— celui du métal qui se heurte à la céramique et des ricanements se pensant probablement discrets. [ce n'est pas normal] “suyeon” sa voix murmure “appelle la police” lorsque juee pousse la porte de sa chambre c'est la silhouette tremblante d'une appréhension jusque-là inconnue. on a forcé leur propriété en plein milieu de la nuit pour venir les vandaliser.

ses pas velours tapissent le parquet à l'étage. ses phalanges cognent contre les portes de ses camarades. elle doit les réveiller. sans faire de bruit. le cœur au bord des lèvres et la sensation que les choses pourraient d'une seconde à l'autre déraper pour le pire.

et les casseurs continuent. ils se rapprochent. brisent tout ce qui croise leur chemin, saccagent le mobilier et détruisent les apparats qui font toute la singularité de la bâtisse. juee pourrait tuer si justice venait à échouer entre ses mains graciles (et curiosité ne manque pas de l'étreindre quant au visage mesquin des assaillants).

elle profite du chaos pour s'aventurer plus loin dans le couloir, un peu en amont de l'escalier. les silhouettes passent et repassent et traînent avec elles leurs ombres effrayantes qui s'étendent sur le parquet sali et les toiles de papier démolies.

ils souillent les murs d'outrages encrés au fer rouge et les battes de baseball ricochent sur les bibelots les plus précieux. et puis le temps d'un bref assourdissement, elle reconnaît kang minhyuk qui chaque jour trouve le moyen d'enfoncer plus loin le clou de sa pauvreté d'esprit au tableau d'honneur de sa présidence.

juee tressaille. la kappa était déjà tombée bien bas, mais là ? une rare violence qui lui commande de ne pas s'exposer de front à leurs affronts “c'est quoi votre problème” phrase prononcée à demi-mot au milieu du chaos— le palpitant à l'alarme et tandis qu'elle s'efforce de garder les traits les plus impassibles possibles [la mâchoire serrée, elle fulmine d'une rage sans nom]

et les prendre du plus haut qu'elle le puisse, perchée sur les marches qui la séparent encore des assaillants.

La nuit était tombée depuis un moment. L’astre lunaire était haut dans le ciel tandis que la maison des Phimu était calme. Comme toujours. Un calme reposant. Morphée n’avait pas encore rendu visite à Yoon Jae qui était concentré sur la lecture de ses cours, imperturbable. Un premier bruit perturba le calme de la demeure. Froncement de sourcil. Un second bruit se fit entendre. Tête levée. Le vacarme était audible, chose très inhabituelle. Assez rapidement, l’étudiant se leva, avisa sa chambre et plus particulièrement sa batte de baseball. Haussement d’épaules. Il finit par se dire à quoi bon avant de sortir du coin de son intimité avec rien d’autre que sa seule personne. Il se dirigea vers les escaliers, y rejoignant Juee. Sans un bruit. L’horreur se présentait sous leurs yeux, constatant le carnage qui avait lieu dans leur demeure. « Il faut prévenir la police et il nous faut des preuves. » Souffle presque inaudible, téléphone discrètement en main, il prit des photographies des assaillants avant de ranger l’objet pour le mettre à l’abri. Il serrait les dents, la colère s'insinuant dans ses entrailles, circulant dans ses veines. La voix de sa camarade s'éleva, rompant ainsi leur bruyant silence. Sa main se posa sur son épaule dans un geste réconfortant. « Leur problème c’est le vide dans leur tête, le besoin de prouver qu’ils sont soi-disant supérieurs alors que s’ils l’étaient, ils n’auraient pas besoin de souiller l’intimité des autres pour le montrer. On assiste là aux exemples les plus flagrants de la bêtise et de la déchéance humaine. » Si l’énervement ne demandait qu’à prendre possession de son corps, sa voix était calme alors qu’il s’adressait à la jeune femme. Le chaos était parfois considéré comme de l’art mais ce n'était pas le cas ici. Ces individus détruisaient le magnifique spectacle qu’était leur demeure. Impardonnable. « Il faut faire quelque chose et ne pas prendre de risque inutile même si ça me démange, il vaut mieux y aller à deux au moins mais, surtout, réussir à faire diversion. Montrons leur que nous sommes plus intelligents. » Souffla-t-il pour qu’elle soit la seule à l’entendre. Une chose était certaine : ils avaient besoin de renforts, ils ne pouvaient réussir seuls.