rapprochement.

Les vacances sont terminées. Fini le sable, terminé la mer. Retour sur le bitume et les parquets. Le souffle court, les muscles tendus. Les cheerleaders s’entraînent pour être plus performantes encore cette saison. La dernière n’ayant pas été à la hauteur de leurs espérances, il leur faut redoubler d’effort. Suyeon a oublié à quel point la vie étudiante peut être pénible. Les cours de journalisme, l’écriture du journal de Yale, les révisions jusqu’au lever du jour et les entraînements. Le bonbon rose n’a pas le temps de respirer. Il roule dans les couloirs entre toutes ses obligations. Peut-être n’est-ce que le temps de reprendre le rythme.

Son corps s’effondre au bruit familier du sifflet. Un soupir glisse sur les longues lames du parquet. “Enfin ! Je n’en peux plus !” La morsure du bois frais sur ses jambes apaise ses muscles. Les yeux fermés, elle laisse son torse se soulever puis glisser au rythme de son souffle saccadé. Les chuchotis qui brouillent son audition lui font relever les paupières. Les murmures roulent sur les peaux glissantes de sueur. “C’est lui le joueur. L’étudiant étranger ? C’est un américain ! Il est canon quand même. Il vient ! Qui vient-il voir ?” Et le sourire qu’il offre à Suyeon lui coupe le souffle un dixième de seconde. Il traverse les lieux jusqu’à sa hauteur, alors que la journaliste quitte la fraîcheur du sol.

Le souffle du printemps glisse dans mes artères.

Son coeur se tait. Le brouhaha n’est plus. Seule la question de Jay subsiste. “Tu lis dans mes pensées.” Ses joues rougies par l’effort, ses muscles bandés par l’entraînement ; Suyeon pourrait presque resplendir. Si cette sueur ne collait pas ses vêtements à sa peau et ses cheveux à son front. “T’es véritablement mon sauveur.” Ses doigts s’accrochent à la bouteille d’eau pour la poser sur sa joue et un soupir d’aise lui échappe. La condensation sur le plastique et la fraîcheur de l’eau soulage sa peau brûlante. “Je suis toute transpirante. C’est affreux. Désolée.” Et ses orbes glissent involontairement le long du corps de l’américain. Son corps de cheerleader transpirant lui a déjà été montré sous bien d’autres aspects. “Enfin, transpirante de sueur. Genre après entraînement. Après un grand effort." Un rire doux glisse de ses lèvres. “Je m’enfonce, n’est-ce pas ?” La bouteille toujours collée à sa joue, ses pupilles se fixent sur celles de Jay. Il pourrait presque être le petit-ami parfait, si elle n’était pas tant coeur d’artichaut.

rapprochement.

Son sourire bouleverse les battements de son coeur. Ils se crashent contre sa cage thoracique avec une violence si peu contenue. Les murmures s’élèvent à nouveau dans son dos. Ils forment un brouhaha comme des milliers d’abeilles jalouses du miel, jalouses du pollen. Il s’approche d’elle, ébouriffe ses cheveux. Ses joues rougissent davantage, si cela est seulement possible. Ses doigts s’enroulent autour de la glace, son bras glisse sous le sien et ses pieds leur fraient un chemin jusqu’aux gradins. “Très productif, même. J’aurais dû travailler plus pendant les vacances. Mon corps est tout…” Les pupilles roulent sur le ciel pour trouver les bons mots. “Tout engourdi.” Ce n’est pas le mot exact et la grimace qui tire ses traits le prouve, mais rien ne lui vient en tête.

Les cheerleader les suivent du regard. Suyeon s’est toujours bien entendu avec elles, c’est pour cette raison qu’elle se permet de leur tirer la langue laissant le groupe fendre l’air de tendres rires. “Quant à la fatigue, je te promets de garder un peu d’énergie.” Accompagné d’un sourire espiègle, elle offre un léger coup de hanche contre la cuisse du jeune homme. La jeune femme n’est qu’amusement et naïveté, douceur et rêverie. Puisse-t-elle rester longtemps ainsi.

Mon coeur fragile n’est qu’une éponge, puisses-tu ne jamais l’épuiser.

Le jeune journaliste prend place dans les gradins, pose la bouteille d’eau et tapote la place près d’elle. “Je te promets de ne jamais cesser de rayonner. D’accord Jay ?” De cette question qui n’attend pas de réponse, elle fixe son regard sur le bel étranger. Oh elle pourrait l’aimer ! Plus que pour une nuit. Elle pourrait, de son coeur tout mou qui s’éprend du premier garçon qui lui offre une petite attention. “Je vais te mettre en tête de liste. La glace et l’eau c’est plus cent points dans le classement des personnes gentilles avec moi.” Son doux rire passe ses lippes. Tant de personnes ignorent qu’elle est réellement sérieuse, que cette liste existe bel et bien. Son frère se bat pour la seconde avec le monsieur du CDI. “Comment tu vas ?” demande-t-elle en s'attelant à déballer la glace de Jay puis la sienne afin qu’ils puissent manger en même temps. Une véritable boule de soleil.