le temps qui s'arrête, toujours et encore incapable de concevoir de vieillir. le coeur prisonnier quelque part entre la deuxième et la troisième décennie, mais le corps qui se meut vers la quatrième, le pas traînant, l'ombre fuyant la silhouette usée par les années. elle fut belle autrefois... cauchemar qu'elle redoute, condamnation terrible que sont les trente-quatre printemps qui défilent, les souvenirs qui périssent.

origines et nationalité

de 서울특별시 à 부산, l'horizon se dessine, flou, incertain, le dégoût pour cet hometown, l'amertume des grandes villes et de ses passions métropolitaines...



maintes fois les marées noires ont fui les vagues des copies manuscrites, soupirant d'un ennui mélancolique en écrasant le plomb rougi contre les feuilles garnies -- de ces mots vides qui ne sont plus que lexèmes, de ces phrases sur lesquelles ses élèves expiaient leurs pires sentences, de ces discours pâteux, ennuyeux, peu rigoureux. maintes fois le brouillard de ses yeux s'est-il égaré de l'autre côté de la baie vitrée, là où les livres s'emmêlaient au comptoir des prêts, à quelques pas de sa silhouette carrée. les voix, les rires et les ragots en écho bourdonnaient, agressant le tympan d'un dégoût amer qui se lisait sur ses traits déconfits. le regard rivé sur l'horizon grisâtre et métallique, que lui renvoyait l'image de sa déchéance, douloureuse métaphore d'une éternelle captivité. et la silhouette recourbée, recroquevillée à l'image fidèle d'un animal blessé. le temps en condamnation, les rêves inepties qu'elle n'aurait su capturer rien qu'en leur tendant la main. et lorsque frappe la réalité, l'encre sanglante tâche le papier déjà giclé de café, d'un C- bien mérité.


statut matrimonial
dans une tentative désespérée de lui échapper, elle s'abandonne dans les bras de ces marbres glacés, dont les corps lui font oublier le tien, le sien, les leurs.

「 mariée 」 à l'opulence, scande le coeur de se laisser choir contre les promesses attendrissantes plutôt que de s'abandonner aux recoins favoris de ton corps et aux baisers interdits, de se perdre sur le tracé des souffles saccadés, de s'accrocher à la poésie de son prénom chanté comme les plus belles fantaisies. et sur l'autel, le coeur maudit, le coeur pourri, son rire âcre est venu écorcher sa peau de soie, l'incendiant de son toucher infortuné, râpant les rêves déchus, fanés, puis sacrifiés, y préférant les caprices glacés aux amours passionnées.

if you had to choose, what would it be?


douceurs mirages. promesses dérisoires. marques désillusionnées d'une affection égarée. les cris époumonés au carré, parce qu'en détruire une seule [la sienne] n'était pas assez.

signes distinctifs

damnée. reine de coeur, reine des coeurs. ahreum, l'prénom mélodieux, presque poétique, celui d'une beauté éternelle et maternelle, ou encore celui de la muse de cet artiste un peu bohème. le prénom à six lettres, deux syllabes, dont la résonance suave et mielleuse rappelle le chant des sirènes. (아름) la douceur dans les traits, le timbre enjôleur dans la voix, la flamme divine - et pourtant éteinte - dans le regard... ahreum, douce et sensuelle créature; de son déhanchement, elle attire les regards, alors que de son sourire espiègle, elle charme et capture le coeur des marins condamnés au péché. mais derrière les airs d'un bonheur sans fin, il y a le coeur qui pourri, le coeur qui se languit, le coeur qui se meurt d'être le joyau de cet affreux apollon.  


encrer de sang les copies trop souvent fastidieuses, y verser ses péchés en crises d'insomnies. s'enivrer d'ambroisie à la nuit tombée, lorsque les rideaux se referment sur la scène et que les masques tombent dans l'angle mort des coulisses. feuilleter les vieux albums photos rétro, y caresser les sourires fades, à la texture de papier mâché. jouir en étouffant les sons, quand les doigts s'emmêlent dans le souvenir des siens au creux de ses reins, vidés d'un plaisir égaré dans l'éphémérité. peindre les traits, remplir les cernes, maquiller le malheur, parfumer le déshonneur. papillonner aux petits mots échangés en douce, aux messages envoyés au bout du pouce, puis se morfondre du vide épris de sa beauté périssable. se prétendre jeune.