Pointing fingers 'cause you'll never take the blame like me?




Souffle court, port altier, il y a les embrassades d'un retour impromptu, des :
❝ oh comme tu m'aurais manqué et toutes les raisons tues ; il y a les étreintes d'une presque séparation avortée, des explications inventées sur la musique d'un rire chantant [ do ré mi fa sol ] les rayons étincelants d'un début de printemps ; chacune se remet de la fête de la veille, chacune vaque à ses propres préoccupations -- ses déboires, ses victoires, l'inconnu séduisant au bras duquel elles se sont perdues le temps d'une valse, d'un baiser volé, d'une nuit constellée par l'oubli et l'alcool. Mais c'est e l l e sur qui toute l'attention est portée, Hyunah badine avec les unes sans jamais se sortir de la tête la princesse enfermée dans sa tour, elle tire, tire lentement sur la bête qui s'extrait de son corps, se gondole, cherche à s'arracher des chairs, le ventre s'ouvre et les tripes pareilles à mille serpents s'écoulent par terre comme un fleuve de sang.








Dans les algues dansantes elle charme les requins, musarde parmi les courants chauds tandis que de sa mine cruelle elle sourit à deux bouches, sur la poupée rose les aquarelles liquoreuses estompent les paillettes, des tas de grains de sable sont coincés dans ses manières doucereuses lorsqu'enfin elle la rejoint de sa démarche gracile. Là, appuyée contre la faïence glacée se liquéfie son ondine, qu'elle est belle dans l'ombre chatoyante de ses regrets salés — Sunny ! son éclat semble faiblir, le constat allume l'enthousiasme dans ses octaves, la voix se fait miel, le regard velours -- les étoiles clairsemant ses mèches poudrées brillent d'avantage de ses retrouvailles espérées. — Tu sembles épuisée... On dirait que c'est toi qui devais te lever tôt pour prendre l'avion ! Ta nuit a dû être rudement agitée, comment te sens-tu ? siffle-t-elle aussitôt à ses côtés, elle la contemple alors de sa hauteur, petit oisillon fébrile recroquevillée contre elle-même, à la merci de tourments dont elle se hâte de la d é l i v r e r — Tu m'as paru bien préoccupée par message, ne t'en fais pas, j'ai dit aux filles de ne pas nous déranger. J'ai senti que tu avais besoin d'être un peu tranquille... de ce besoin de quiétude elle s'exclue volontairement, elle c'est différent, elle lui apportera répit et réconfort, elle c'est différent : elle a des raisons d'être là. L'orage gronde déjà dans sa cage thoracique, fait éclater toute la chaîne de ses envoûtements, aussi sûrement que chaque âme est une bombe qu'il suffit d'enclencher. Elle sent Hyesun sur le point de se rompre.




Un sacrifice qu'il ne mérite pas et qu'elle est pourtant si proche, tellement proche de lui offrir. Les doigts caressent ses cheveux tandis que le corps s'accroupit face à la baignoire, la tête accoudée contre le rebord, l'oeil se plisse quand les opales étudient les contours de son doux visage ravagé par la fatigue.  — Ma pauvre Sunny... je crois bien que c'est un anniversaire que tu n'oublieras pas.


@min hyesun

Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse.

Sur l’eau translucide dansent les étoiles en reflet à son coeur écorché. Si le soleil s'éteint, que reste-t-il ? Le froid infini et la noirceur profonde d’un univers émietté. Reste la mélodie d’un corps qui tente de valser sur du jazz. Le téléphone prend place sur une étagère, arraché à ses doigts comme on arrache une dent. Douloureux constat d'une conversation ignorée. Il l’ignore. Le silence suit l’aveu. Ce dernier, l’aurait-elle rêvé ? Son corps glisse contre la pierre, disparaît sous les bulles de savon qui brillent face aux LED du plafonnier. L’alcool déforme ses traits. Les muscles marqués par le carrelage, l’estomac retourné par le vin ; le corps plus léger encore que son âme. Pourvu qu’elle lui manque. Illusion perdue parmi le réel. Le menton vient plonger dans la chaleur familière de l’eau. Son albâtre marquée au fer rouge, le visage moite et les cheveux collants au front. La vapeur se colle à la glue sur le marbre blanc. Et sa détresse lui colle à la peau.


Une prière murmurée. Hyesun n’est plus que le reflet de sa propre déchéance. L’ivresse de la veille offre l’éphémère d’une conversation que l’on souhaite effacer. Qu’il a effacé. Pourquoi n’est-elle pas satisfaite ? Son soupir glisse sur l’étendue savonneuse, pousse les nuages blanc comme des bateaux sur la mer. Le tumulte de son coeur semblable à un ouragan. Les regrets tendus sur sa mémoire.

Arrache mon coeur de l’oubli.

Ses prunelles sombres s’éclairent lorsque la princesse blonde passe le chambranle, le visage peint d’un sourire dont elle a appris chaque contour. Elle l’aime. Elle l’envie. C’est un phare dans la nuit des marins alors que l’océan se déverse sur leurs navires. Hyunah, pourquoi brilles-tu si fort ? Sa voix sucrée prononce les paroles affectueuse d’une douceur qui lisse son désarroi. Les rayons lumineux viennent éparpiller les ombres sombres qui tapissent son esprit. “Oh Nana ! Tu n’imagines même pas. La nuit fut affreuse…” Ton dramatique. Les diamants de sa vie éparpillés contre le marbre, éclatés en fragments aux révélations de ses tourments. Ses doigts longilignes semblent ramasser ces morceaux pour les rassembler en un tas émietté. Seule sa présence lui est soutenable. “Tu as bien deviné... Merci, d’avoir prévenu les filles. Et merci, surtout, d’être là.” Ses lèvres s’étirent avec une sincérité qui pourrait surprendre les idiots du campus, croyant à leur inimitié totale.

Hyesun se délecte du contact de ses doigts sur ses cheveux. Tendresse infinie qui dévoile davantage que tous les mots. Le visage contre la pierre, ses orbes se plissent sous les études de ses traits. L’alcool marque encore sa peau ; davantage que les maux causés par ses révélations. “Mes vingt-cinq ans resteront gravés à jamais.” Quand bien même elle voudrait tout oublier.


Sa main quitte l’eau délavée de ses regrets pour se poser sur sa joue. Son pouce s’articule en un mouvement lent. Pourquoi faut-il que ce soit elle ? Son fiancé s’est épris d’une étoile qui tapisse la voûte royale de sa galaxie. Hyesun ne veut pas apprendre à vivre sans Hyunah. Pour autant, comment pourrait-elle cautionner que son futur époux l’aime davantage que sa personne ? Au même titre qu’il ne peut accepter qu’elle s’approche trop de son interne préféré. Alors même que le monde ignore tout de l’ardeur de son coeur. Ignorait. Ses prunelles détaillent son visage. “Tu es tout autant fatiguée, n’est-ce pas ?” Sa main remonte le long de sa temps, danse contre sa peau avant de glisser une mèche folle derrière son oreille. Peux-tu seulement lire mes douleurs ? Et dans un souffle, la pédiatre ajoute : “Pourquoi tu n’as pas pris cet avion ?” La jolie brune ramène ses jambes contre sa poitrine, pose son menton sur la callosité de ses articulations. “Je suis ravie que tu restes ici. Je te connais depuis si longtemps… Ton absence aurait créée un immense vide ! Mais il me semblait… que c’était une opportunité qui ne pouvait être refusée. Est-ce vraiment ce que tu désires ?” Hyesun est douée pour chanter les échos de son coeur. Elle modèle les propres conseils désireux de passer ses tympans, qu’elle ne saurait pour autant écouter. Ses lèvres s’étirent en un rictus encourageant.

Sommes-nous perdues à jamais ?

Pointing fingers 'cause you'll never take the blame like me?






Elle tait dans sa toile le désir carnassier d'y emprisonner toutes les douceurs qu'elle lui destine, d'un battement de cils elle accorde à la sirène l'éphémère de sa plus profonde tendresse, de sa plus abusive reconnaissance -- ❝ regarde ce que tu as fait, regarde ta poitrine est lourde à h u r l e r, regarde bien comme ton audace est triste à pleurer. Et Hyunah elle la regarde, dans sa robe azur, gobe ses yeux encore gonflés d'une nuit trop longue, chantant les interdits qu'elle s'inflige, sa petite croix d'argent a porté en fardeau d'amours morts-nés.

De ce miroir qu'elle lui i m p o s e elle méprise le reflet nous sommes les mêmes et pourtant je te hais puisque l’insouciance t'animes, puisque le risque te plait.

Elles ondulent les notes exquises des lamentations qu'elle lui adresse, en toute confiance d'un cœur innocent  — Bien sûr que je suis là ma Sunny, où pourrais-je être lorsque tu vas si mal ? Tu sais bien, que je suis là pour toi... et comment et pourquoi, une si délicieuse mélodie guide son contact, dansant sur sa peau ses doigts décorent ses joues de perles nacrées, elles gouttent jusque dans sa nuque, accompagnent le mouvement de sa tête qui se penche pour mieux embrasser la paume glacée qui la réclame.



— Fatiguée ? ... M'oui... Non. Ma nuit fut douce et mon réveil déchirant. me croirais-tu si je te disais que l'on partage les mêmes t o u r m e n t s — Parfois le matin arrive trop tôt et on souhaiterait que les yeux ne s'ouvrent plus. Ça ne te fait pas ça Sunny ? moi tout le temps. de ses songes elle déchire la compagnie, exquis va-et-vient dont elle ne sait plus se défaire, les canines mordent la chair pour retenir les mots coulant du palpitant qui s'affole, la chaleur de sa voix s'entremêle à la précieuse vision de son corps endolori dans les eaux. Elles échangent un regard dont les échos de bonheur, fougueux éclats, parcourent son derme jusqu'à le faire frissonner -- c'est le froid des dalles marbrées, c'est la glace des artères d'un coeur qui ne sait s'il adore ou abhorre les couleurs qu'elles partagent. Dans le bleu de son spleen elle s'élève, chatouille les lueurs ambrées qui macule ses pensées ; tristes spectres qui s'agitent avec l'envie furieuse de l'esquinter.

— Ce que je désire ? Je ne sais pas, est-ce vraiment important ? l'enfer de ses milles nuances se heurte à la porte de son royaume, il y a dans le ton de sa voix la fatalité d'un départ impossible quand même le besoin de distance a été avorté avant même d'être suggéré, il y a dans la subtilité de son sourire le serment inviolable qu'elle prend plaisir tantôt à ébranler avant de se résoudre à s'y soumettre. Victime et assassine. — Ce qu'on désire est toujours dérisoire tu le sais bien Sunny, il n'y a pas de décision juste. On a le choix entre l'égoïsme et les compromis. Je crois que tu devrais te montrer un peu plus égoïste. immobile un instant, les orbes dévorent et déchirent l'image froissée de sentiments contradictoires, recroquevillée sur elle-même elle semble si petite - ridicule - minuscule, elle pourrait l'écraser dans le fond des marécages, sous la mousse faire disparaître ce mirage. C'est les crocs qui se dessinent d'avantage, la lueur d'un sourire intacte, les phalanges quittent les mèches humides et emprisonnent l'épaule sous la marque de ses ongles — Qu'est-ce qui te retient donc ?





@min hyesun